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Bilans et perspectives Entretien
avec Claude Hocquet et Christian Hilaire

Ce début d’année 2024 est l’occasion de faire le point avec le président et le directeur général de l’association sur le bilan de l’année 2023 et les principaux projets d’avenir.

Monsieur HOCQUET, depuis votre élection en tant que président, quelles ont été les actions portées par la  gouvernance de l’association pour renforcer la mission des Papillons Blancs du Douaisis ?

 

Claude HOCQUET : « Tout d’abord, notre Assemblée Générale a adopté six orientations politiques majeures pour les deux années. Parmi ces orientations, le principal défi reste la question des personnes « sans solution » car trop de familles sont encore dans une situation inacceptable pour leur enfant mineur ou adulte.

Notre association a dès lors milité pour attirer l’attention des pouvoirs publics dans le cadre d’une campagne médiatique, en lien avec notre Union Départementale.

Ensuite, une autre orientation politique consiste en notre volonté d’agir sur l’accompagnement des personnes handicapées et des familles.

A ce titre, nous souhaitons privilégier toutes les initiatives et projets venant du terrain qui permettent d’apporter des réponses concrètes aux besoins des personnes et des aidants.

A titre d’exemple, notre projet de création d’une unité d’enseignement internalisé à l’EEAP de Féchain provient de la remontée de plusieurs familles en début d’année dernière. »

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de décisions ou d’initiatives prises par la gouvernance pour soutenir les objectifs de l’association ?

 

Claude HOCQUET : « Plusieurs projets ont été travaillés en 2023 : l’ouverture d’une unité d’enseignement internalisée à l’EEAP de Féchain, l’extension de 6 places supplémentaires à la MAS de Cantin pour des personnes ayant des troubles du spectre autistique (TSA), la mise en place d’une association d’auto-représentants ou encore notre projet de création de places SESSAD à Somain.

Les travaux de construction du futur espace pédagogique de l’IME « Jacques MASSON » et ceux de l’extension du foyer de vie « Thérèse OLIVIER » se déroulent dans de bonnes conditions de sorte que les délais de livraison devraient être tenus en 2024.

En fin d’année dernière, nous avons remporté un appel à projet de l’ARS Hauts-de-France dans le cadre du programme « ESMS numérique » afin mettre en place le dossier usager informatisé et notre label ISO 9001 a été renouvelé pour toutes nos activités ESAT et EA. »

 

Monsieur HILAIRE, quels sont les principaux défis que vous identifiez dans le bilan de l’année 2023 pour Les Papillons Blancs du Douaisis ?

 

Christian HILAIRE : « Comme l’a indiqué M. HOCQUET, notre association a besoin d’une réelle mobilisation des pouvoirs publics pour que soient créés des places et des dispositifs supplémentaires.

Or, le fonctionnement opérationnel de « Via trajectoire », qui est l’outil de recensement des places disponibles dans toutes les associations habilitées, pose de réels problèmes sur le terrain en raison de dysfonctionnements répétés de cet outil.

C’est un vrai problème car « Via Trajectoire » est censé refléter l’état des lieux des personnes sans solution mais ce n’est pas le cas. A titre d’exemple, un enfant qui bénéficie seulement de 5 heures de scolarisation adaptée en milieu ordinaire sort des listes d’attente des IME alors que les parents recherchent une place en IME.

Nous faisons régulièrement remonter ce type d’observations à l’ARS, au Département et à la MDPH mais cet outil dépend du niveau national. Nous espérons que l’UNAPEI va s’emparer de ce sujet sur le plan politique car il faut sortir de l’actuelle bagarre des chiffres entre ceux de « Via Trajectoire » et ceux de nos listes d’attente.

Nous serons également attentifs au projet de réforme de nos activités en ESAT car l’impact de cette réforme risque de faire peser un surcoût de fonctionnement trop important et les personnes accompagnées les moins autonomes risquent de ne plus pouvoir intégrer notre ESAT.

En parallèle, la maîtrise sanitaire de la COVID reste une préoccupation du quotidien car nous sommes régulièrement confrontés à des situations certes isolées mais j’ai décidé d’activer une cellule de veille hebdomadaire depuis le mois de novembre 2023 afin de suivre de près la progression du virus au sein de nos 25 établissements et services.

Un autre défit crucial : la qualité de vie au travail. En effet, les professionnels de notre association sont régulièrement confrontés à des prises en charge de plus en plus complexes qui nécessitent de renforcer nos démarches en ce qui concerne la qualité de vie au travail que ce soit en matière de formations qualifiantes, d’analyse de pratiques, d’adaptation des conditions de travail ou encore en matière de prévention des risques psycho sociaux.

En 2024, nous allons également mettre en œuvre des actions concrètes pour renforcer l’attractivité des métiers. A titre d’exemple, nous allons agir sur le nombre trop important de contrats à durée déterminée (CDD) car ils induisent une situation trop précaire pour les salariés et les personnes accompagnées ont besoin de professionnels engagés sur le long terme. »

« Un de nos défis : la qualité de vie au travail de nos professionnels »

Monsieur HILAIRE, pouvez-vous expliquer plus en détail en quoi consiste votre mode de management horizontal et comment il a été appliqué au sein de l’association ?

 

Christian HILAIRE : « A mon arrivée, j’ai constaté le fonctionnement vertical et cloisonné qui existait au sein de notre association.

En accord avec les attentes des membres du conseil d’administration, j’ai impulsé un fonctionnement ascendant, depuis les réalités du terrain, et transversal, en prenant en compte toutes les composantes de notre vie associative.

L’idée est simple : le pouvoir de direction n’est pas entre les mains d’une seule personne, il se partage au sein d’un collectif où les temps d’échanges sont centrés vers des objectifs partagés et concrets.

Le séminaire que nous avons organisé avec tous les cadres de l’association au mois de novembre 2023 nous a permis de constater collectivement le chemin parcouru et ce qu’il nous reste à accomplir.

En début d’année 2023, la mise en place du comité de direction générale où siègent tous les directeurs(rices) a été une décision importante car c’est une instance de débat stratégique et de décision où tous les sujets d’importance sont abordés collectivement en toute transparence.

Cette façon de travailler permet de créer une réelle dynamique au sein des équipes de direction et nous souhaitons l’amplifier en 2024. En cela, notre tâche est facilitée par les six orientations politiques votées par notre Assemblée Générale Ordinaire le 17 juin 2023 car nous disposons d’une commande politique claire en faveur des personnes handicapées et des aidants.

A l’issue de notre séminaire du 17 novembre 2023, nous avons également convenu qu’il s’agissait finalement d’un mode de « management co-responsable ». J’adhère pleinement à cette proposition car elle met chacun(e) en responsabilité au sein d’un collectif tourné vers des objectifs claires et connus.

En 2023, nous avons également travaillé sur une méthodologie de montage de nos projets au plan associatif afin que tous les projets soient partagés au plan associatif. La direction « Innovation/Promotion de la personne » que nous avons créé, permet de clarifier notre démarche qualité, notre démarche projet et de notre questionnement éthique.

Au mois d’avril, les membres de la gouvernance et de la dirigeance ont réalisé un bilan intermédiaire de notre plan stratégique et nous avons décidé de cesser de séparer d’un côté notre projet associatif (qui datait de 2011 !) et de l’autre côté, le plan stratégique.

Nous avons convenu de travailler sur un seul et même document pour les cinq années à venir : le futur projet associatif et stratégique « CAP 2030 ».

Finalement, le management horizontal est une dynamique de mobilisation positive et de responsabilisation de tous les acteurs de notre association afin que leur énergie, leurs compétences et leur motivation s’expriment au sein d’un collectif pluriel qui est au service des personnes handicapées et de leur famille. Cela rejoint le concept même d’association au sens de s’associer. »

Séminaire des cadres les 16 et 17 novembres 2023

Monsieur HOCQUET, face à l’objectif de redonner une dynamique à la militance parentale, quelles initiatives spécifi ques comptez-vous mettre en place ? Comment envisagez-vous de renforcer l’engagement des parents au sein de l’association et encourager leur participation active ?

 

Claude HOCQUET : « En 2023, notre Conseil d’Administration a régulièrement débattu de la question de la militance parentale au sein de notre association. Pour mémoire, les associations du secteur social et médicosocial se sont structurées au fur et à mesure en devenant des entreprises à part entière. Dès lors, certains sujets sont de plus en plus éloignés de la militance parentale : gestion administrative et financière, gestions des ressources humaines, gestion patrimoniale, démarche qualité, droits des usagers, etc.

Autant de sujets qui provoquent un désintérêt chez certains parents car certains n’y trouvent plus leur compte. Certains administrateurs ont même posé la question de savoir « quelle est la militance actuelle du mouvement parental » ?

En parallèle, l’évolution de profils de certaines familles consuméristes, la montée de l’individualisme chez certains parents ou encore la question de la responsabilité du mandat d’administrateur (Président, Trésorier), sont des freins à l’engagement bénévole.

Ceci étant, on observe également que les parents se mobilisent à l’échelle des établissements et services notamment pour être vigilants quant à leur propre enfant, pour s’entraider ou encore pour faciliter l’accueil de nouveaux parents. Tous ces constats ne sont pas propres à notre association comme j’ai pu en échanger auprès d’autres présidents d’association.

Au niveau de notre association, ces constats nous ont amenés à proposer des actions fortes. Tout d’abord, nous avons renouvelé une partie de notre Conseil d’Administration en accueillant cinq nouveaux administrateurs. Ensuite, notre Conseil d’Administration a décidé de mettre en place sept commissions permanentes pour permettre aux administrateurs de prendre le temps de débattre de sujets de fonds relatifs à l’accompagnement des personnes handicapées et des aidants, tels que l’éthique, l’innovation ou encore la vie associative.

La commission « Vie associative » a pour mission de relancer notre politique d’adhésion en étant plus présente sur le terrain.

A ce titre, nous allons relancer notre « Opération Brioches » durant le second semestre de 2024 car il s’agit d’une manifestation importante pour exprimer la militance de notre mouvement parental.

Ensuite, il est primordial que le Conseil d’Administration continue de bénéficier des remontées des Conseils de Vie sociale où siègent des représentants de parents. Enfin, par le biais de la réécriture de notre futur projet associatif et stratégique, nous allons organiser cette année des temps d’échanges, de réflexions avec tous les acteurs de notre association dont les parents. »

 

Quels sont les liens et la collaboration entre l’APEI Les Papillons Blancs du Douaisis et l’UNAPEI ?

 

Claude HOCQUET : « En tant que parent et président, je reste attaché à l’adhésion de notre association à l’UNAPEI car nous sommes d’abord une association militante avec des valeurs humanistes fortes en faveur des personnes accompagnées et des aidants.

Ceci étant, pour être franc, j’attends beaucoup plus de notre Union Nationale en terme de revendication vis-à-vis des pouvoirs publics. Je rappelle que le handicap devait être une cause nationale durant le premier quinquennat et ce discours a été réaffirmé au début du quinquennat actuel avec notamment la promesse de la création de 50 000 places et dispositifs.

Mais, à ce jour, à ma connaissance, il n’y a rien de concret et je pense qu’il est temps de durcir nos revendications pour que les annonces se traduisent en faits. Je ne supporte plus le discours du « tout inclusif » qui viendrait régler tous les problèmes des personnes handicapées. Pour que celles-ci trouvent leur place dans la Société, il leur faut des places !

Cette revendication ne nous empêche pas d’être ouvert aux réponses dites « inclusives » mais l’urgence, c’est d’obtenir la création de places et de dispositifs adaptés aux besoins des personnes. Je mesure cette nécessité lors des séances de la CDAPH que je préside durant lesquelles de  nombreuses personnes sont sans solution. »

« Nous sommes avant tout une association militante

avec des valeurs humanistes »

Christian HILAIRE : « En tant que directeur général, c’est difficile de me prononcer sur le plan national et régional car il existe très peu d’opportunités de travail en commun entre les directeurs généraux.

Par contre, au plan départemental, je participe chaque mois aux réunions des directeurs généraux où nous travaillons sur des sujets communs. Dans ce cadre, nous agissons régulièrement sur des sujets tels que la question du financement des   revalorisations salariales, la structuration de nos systèmes d’information, les négociations autour de la convention collective unique en faveur des salariés, les projets de transformation de nos offres de services, les  négociations avec nos autorités de tarifications et de contrôle. Récemment, nous avons mis en place un groupe de travail départemental afin de faire remonter les difficultés et les propositions d’amélioration de « Via Trajectoire ».
L’Union Départementale est également un lieu de rencontre et de travail thématique tels que le groupe qualité, l’enfance, le travail adapté, les Directions des Ressources Humaines, les Directions Administratives et Financière ou encore le soutien à la parentalité.
Ce groupe a d’ailleurs piloté l’organisation de la récente journée départementale intitulée « Parents, dis-moi tout ». En fin d’année, les directeurs généraux des Papillons Blancs du Nord et l’Union  Départementale ont coordonné une campagne d’interpellation des élus au sujet de la réforme des ESAT. »

« L’inclusion des personnes handicapées dans le milieu ordinaire ne doit pas être qu’un slogan ou une simple opération de communication »

Quelles sont les attentes et les objectifs liés à la création d’une association d’auto-représentants au sein de l’APEI Les Papillons Blancs du Douaisis ?


Claude HOCQUET
: « Je suis très satisfait que ce projet voit enfin le jour car cela faisait de nombreuses années que les membres du Conseil d’Administration le demandaient.

L’objectif de cette association d’autoreprésentants, c’est tout simplement de donner une place d’acteur à part entière aux personnes handicapées dans le fonctionnement de notre vie associative.
Il s’agit de les associer, de demander leur avis sur nos projets et de tenir compte de leurs aspirations. Comme le disait l’ancien président de « Nous aussi », Lahcen ER RAJAOUI, lorsqu’il parlait des personnes handicapées qu’il représentait : « Rien pour nous sans nous ! ». »

 

Quels sont les projets phares que l’association prévoit de mettre en oeuvre dans les  années à venir ?

 

Claude HOCQUET et Christian HILAIRE  : « Durant l’année 2024, nous allons prendre le temps d’organiser des espaces de concertation en interne et avec nos principaux partenaires pour convenir des projets pour les cinq années à venir.Nous avons besoin de ces temps d’échanges et de réflexion pour mettre du sens dans les décisions à prendre pour l’avenir de notre association. C’est précisément le travail que nous ferons dans le cadre de « CAP 2030 », notre futur projet associatif et stratégique.
Nous avons décidé d’être accompagnés par le cabinet COPAS dont la candidature a été retenue par une commission de sélection en fin d’année dernière. Dans ce cadre, nos réflexions seront construites à partir du repérage des besoins, des attentes des personnes handicapées et des aidants.
Nous savons que les demandes sont nombreuses notamment en ce qui concerne l’orientation des jeunes majeurs accompagnés en IME dans le cadre de l’amendement CRETON. La question de l’avancée en âge des personnes accompagnées est également une réalité que ce soit pour les
personnes en ESAT, les travailleurs en EA mais aussi pour les personnes polyhandicapées car le vieillissement des personnes nous amène à adapter nos modalités de prise en charge notamment sur le plan médical.
A ce titre, nous devons être attentifs aux personnes relevant des dispositifs d’habitats et des foyers de vie car l’évolution de ces personnes ne correspondra plus dans les années à venir à ce type d’accompagnement. L’inclusion des personnes handicapées dans le milieu ordinaire ne doit pas être qu’un slogan ou une simple opération de communication car il importe que le regard de la Société continue à changer afin que les personnes dites « handicapées » trouvent réellement leur place au sein de notre Société. Nous avons besoin de la mobilisation de tous les acteurs dont les entreprises qui sont des acteurs importants pour l’inclusion socio professionnelle des personnes.
A ce titre, nous fondons beaucoup d’espoirs dans la création du futur club des entreprises partenaires en 2024. Nous aurons également l’occasion de débattre de notre secteur géographique d’intervention puisque notre association intervient d’ores et déjà au sein de trois communautés de communes. Enfin, nous souhaitons amplifier nos actions en faveur des aidants familiaux et familiers. »

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